dimanche 23 janvier 2011

L'Ombre du père

"Pour tout le monde, (son) tempérament lui vient de son père. Son nom, son visage, ses films, absolument tout le ramène à lui. Et cela commence à l’irriter. « C’était un sujet tellement évident que beaucoup de gens lui parlaient de ça », se souvient Edward Meeks. Sean se protège, fuit les importuns ou bien encore invente des fables « avec des orgies et toutes sortes d’horreur, rien que pour voir la tête des gens. »

Ses propos à la presse sonnent comme autant de mises au point à caractère (vainement) définitif : « La seule chose que je dois à mon père, c’est d’être né. Pour le reste, il a quitté ma mère quand je n’avais même pas un an, il ne s’est guère préoccupé de moi et il n’y avait entre nous que des liens très relâchés. Je n’en veux pas à sa mémoire mais j’aimerais qu’on cesse de faire des comparaisons qui, pour aussi flatteuses qu’elles soient, me paraissent inutiles. J’existe et je veux vivre et faire carrière sans l’aide d’un fantôme. »

Le journaliste anglais Roderick Mann est frappé par son attitude : « Sean ne respecte guère la mémoire de son père. Cela peut se comprendre. (…) Il ne le voyait que très rarement. Errol était loin de rechercher systématiquement l’admiration et n’était aimé en fait que par ceux qui le connaissaient bien. À présent, son fils s’efforce de se faire son propre trou. C’est normal, après tout. »

Cette distance vis-à-vis de l’auteur de ses jours vaut aussi (et surtout ?) pour ceux qui furent ses amis ou ses compagnons de nouba, « la bande de jouisseurs et de filles impossibles dont il s’entourait ». Lors d’une soirée mondaine dans une villa rococo de la Côte d’Azur, Sean s’approche de David Niven et lui dit : « Je sais que vous étiez un ami de mon père, mais, je vous en prie, ne prononcez pas son nom devant moi ! »

Mais malgré tous ses efforts, Sean n’a pas fini de voir l’ombre d’Errol planer sur sa vie."

(extrait du livre)

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